Login

Produits phytosanitaires Risques et dangers mieux cernés dans une étude scientifique française

Les produits phytosanitaires, majoritairement utilisés dans l'agriculture, mais que l'on retrouve partout dans l'environnement (air, poussières, denrées alimentaires, etc), sont impliqués dans des pathologies graves comme des cancers ou la maladie de Parkinson, souligne une étude d'un institut français.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


Un rapport de l'Inserm confirme la dangerosité des produits phytopharmaceutiques en cas de contact ou d'ingestion, notamment. (© Terre-net Média)
Les expositions aux produits phytosanitaires (herbicides, insecticides et fongicides) pendant la grossesse et la petite enfance semblent particulièrement à risque, note cette « expertise collective » publiée jeudi par l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). L'étude dresse une synthèse des connaissances sur ces substances représentées par près de 100 familles chimiques (organophosphorés, organochlorés, carbamates, pyréthrinoïdes, triazines...). Le retrait du marché ne suffit pas toujours à résoudre les problèmes. Ainsi, certains pesticides, comme les organochlorés, persistent pendant des années dans l'environnement et se retrouvent dans la chaîne alimentaire, rappelle l'Inserm.

Les experts font état de « présomption forte » d'un lien entre les produits phytosanitaires et la survenue de cancers de la prostate et d'autres pathologies cancéreuses (lymphomes non hodgkinien, myélomes multiples) chez des personnes exposées professionnellement (agriculteurs, ouvriers de l'industrie qui les fabriquent ou les appliquent). Ils relèvent en outre une augmentation du risque de la maladie de Parkinson, notamment lors d'exposition aux insecticides et herbicides. En outre, chez les professionnels, « un excès de risque de leucémie ne peut être écarté ».

L'implication des pesticides dans des problèmes de fertilité en milieu professionnel est également évoquée. En milieu professionnel, la peau représente la principale voie d'exposition alors que, dans la population générale, c'est plutôt la voie orale via l'alimentation qui prédomine. Un lien avec des tumeurs cérébrales (cancéreuses ou non) est par ailleurs suspecté. L'expertise fait enfin état d'une forte présomption d'un lien entre une exposition professionnelle (ou domestique) de la femme enceinte à certains produits phytosanitaires et le risque pour l'enfant de développer une leucémie, une tumeur cérébrale, une malformation génitale. D'après certaines études, un risque de troubles du développement (motricité, déficit cognitif ou hyperactivité) est aussi à considérer.

De plus amples recherches sur ces « périodes de vulnérabilité » et sur la « toxicité des mélanges » sont nécessaires, selon les auteurs. Ces derniers recommandent en conclusion de permettre l'accès à la composition intégrale des pesticides commercialisés, actuellement protégée par le secret industriel.

Recommandations prises en compte par les ministères, rapport accueilli avec sérieux par Générations Futures et l'Uipp

Le gouvernement a pris connaissance des résultats de l’expertise collective sur les risques associés aux pesticides conduite par l’Inserm. Les recommandations de cette étude devront faire l'objet d'une analyse précise en lien avec les orientations déjà prises dans le cadre du plan Ecophyto, de la révision des tableaux de maladies professionnelles, de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens ou de l'organisation du suivi post autorisation de mise sur le marché des produits phytosanitaires dont l'organisation sera précisée dans la loi d'avenir pour l'agriculture.

Les ministres concernés indiquent que ces nouveaux éléments seront transmis sans délais aux autorités européennes afin qu'ils puissent être pris en compte dans la réévaluation des substances actives autorisées au niveau communautaire. Le ministre de l'Agriculture a par ailleurs saisi l'Anses afin qu'elle évalue l'impact de ces nouvelles données sur les autorisations nationales existantes. (Lien vers le communiqué des ministères)

Générations Futures, pour sa part, exhorte les pouvoirs publics à « prendre des mesures fortes et rapides pour réduire l’usage des pesticides et exclure les plus dangereux d’entre eux ». (Lien vers le communiqué de Générations Futures)

L’Uipp déclare « accueillir avec sérieux ce rapport, constituant une synthèse solide de nombreuses études épidémiologiques, et confirme que la grande majorité des molécules mentionnées ne sont plus sur le marché. Cette synthèse est fidèle à l’état des connaissances de l’industrie et la conforte dans les actions qu'elle a déjà engagées ces dernières années. » (Lien vers le communiqué de l'Uipp)

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement